La Solitaire / Les figaristes sur le départ

Demain mardi à 14h, on remet les compteurs à zéro ou presque pour 365 milles à destination de Saint Gilles Croix de Vie, terme de la deuxième étape de cette 40e Solitaire du Figaro. Une étape facile ? Rien n’est jamais facile sur La Solitaire…

Crédit : Marmara Bouchon / Le Figaro

« Ceux qui disent que ce sera un long bord de près tout droit et qu’il ne s’y passera rien se trompent. En tous cas je ne suis pas de cet avis. En voile il se passe toujours quelque chose.» Gildas Mahé (Banque Populaire) donne la note : si de prime abord la météo apparaît moins passionnante qu’à l’aller, ce serait mal connaître le couple infernal Neptune-Eole que croire à un retour pépère, sans histoire. Que dit la météo, donc ? En substance que ce ne sera pas bien violent côté vent, avec 10 noeuds de secteur nord maximum sur toute l’étape. Mais elle dit aussi qu’au départ de La Corogne, un front pourrait bien perturber la donne : en clair, « on part sous une influence de sud-ouest, mais selon l’évolution de ce front, la bascule vers le nord-ouest puis le nord sera plus ou moins proche du départ. Et un moment de pétole n’est pas à exclure », préviennent en chœur Richard Silvani de Météo France et Jacques Caraës, le directeur de course.

Attention à la première nuit
Côté parcours, il n’y a pas de difficultés majeures : c’est une remontée classique du golfe de Gascogne, à cette nuance près que les 52 solitaires devront d’abord aller virer la bouée SN1 devant Saint-Nazaire, puis revenir vers Saint Gilles Croix de Vie en passant entre « La Sablaire » et Yeu, soit une véritable petite porte toute proche de la côte sous le vent de l’île vendéenne. Ces derniers milles sous spi, probablement dans un jeu d’empannages, pourraient bien se révéler très importants. Mais pas seulement eux. « En fait, la première nuit déjà sera décisive, pour s’extraire de la molle et trouver le bon couloir de vent » explique encore Jacques Caraës. Ensuite, si dans les grandes lignes il s’agit d’un long bord de près bâbord amures, « il y aura forcément de petites choses à jouer pour être en phase avec les oscillations du vent ».

Avec le podium en trente minutes et les vingt premiers en une heure, cette deuxième étape risque fort en tous cas de ne pas être neutre côté suspense. L’histoire récente a prouvé que ce parcours pouvait réserver de belles surprises, n’est-ce pas Messieurs Nicolas Troussel (Financo) et Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) qui collèrent « un caramel », comme ils disent à toute la flotte en 2006, « tuant » implacablement tout suspense pour le reste de l’épreuve. Les conditions ne semblent pas réunies pour pareil exploit, mais on sait bien que dans cette course il ne faut jamais jurer de rien par avance. Il y a assez de matière grise et de talent chez ces 52 marins-là pour s’attendre à autre chose qu’une remontée mollassonne vers la Vendée. « Une des difficultés sera la capacité à faire marcher le bateau de façon régulière dans le petit temps » assure Jacques Caraës, « et pour cela il faudra être à la barre et aux réglages de manière très assidue ». Ceci est a priori dans les cordes du leader Yann Eliès (Generali) et de ses dauphins Nicolas Lunven (CGPI) et Armel Le Cléac’h (Brit Air). Mais ils sont quelques autres - pour ne pas dire toute la flotte ! - à ne pas être particulièrement manchots non plus de ce côté-là. Et tous se disent « ça repart de là », l’expression consacrée dans le milieu pour se remotiver, ou bien après une déception sur l’eau, ou bien entre deux manches comme c’est le cas aujourd’hui. La Solitaire ce n’est pas une course, c’est quatre courses et on n’est après tout qu’au départ de la deuxième. Les hommes de tête savent que leur relative avance est tout sauf une assurance tous risques. Il faudra être fort, bien dans sa tête et son corps, en phase avec la météo et le bateau, le tout en ayant le soupçon de réussite qui transforme les belles trajectoires en victoires éclatantes. La routine, en somme.

Source : la Solitaire