Istanbul Europa Race / Desjoyeaux grand vainqueur à Brest

Même si la côte bretonne, au gré des faibles vents et des forts courants n'a pas eu son pareil pour préserver le suspense, Michel Desjoyeaux et son équipage n'ont pas laissé s'échapper le succès qui leur tendait les bras après une navigation aussi fluide qu'exemplaire tout au long du troisième et dernier acte de l'Istanbul Europa Race. A bord de Foncia, ils ont fini par couper la ligne dans le cœur de la nuit noire brestoise à 3 heures 50 minutes et 56 secondes. Après 7 jours 15 heures 50 minutes et 56 secondes de mer depuis le départ de la cité catalane, ils font donc un joli coup double : ils remportent l'ultime étape du grand tour de l'Europe en même temps qu'ils s'adjugent la victoire finale au classement aux points à l'issue des trois parcours (avant jury) et d'un long périple entre Orient et Occident, d'Istanbul à Brest en passant par Nice et Barcelone. Heureux, le double vainqueur du Vendée Globe inscrit une nouvelle ligne à son palmarès long qu'un jour sans vent qu'il savoure avec un plaisir non dissimulé avec toute son équipe. Interview au saut du bateau...


Michel Desjoyeaux, que vous inspire cette victoire ?
« Beaucoup de joie. Nous nous sommes battus dans chaque étape, mais on s'est aussi bien marré. J'espère que nous donnons tort à ceux qui ne sont pas venus. »
Où s'est jouée cette victoire ?
« En mer d'Alboran. Nous étions bord à bord avec Groupe Bel qui était passé devant à un moment donné et puis on a réussi à démarrer dans le petit temps : on a décollé. Cela s'est joué aussi dans notre navigation qui a été bonne. En solitaire sur de tels engins, on navigue souvent mal parce qu'il n'est pas possible d'en exploiter seul le potentiel. Entre la prise de décision et l'achèvement de la manœuvre, il se passe du temps. En équipage, c'est instantané. Nous avons installé un système de quarts ces trois ou quatre derniers jours parce que les conditions le permettaient, mais auparavant nous étions tous très concentrés. C'est une très belle expérience et Jérémie Beyou s'est régalé. Dans la Transat Jacques Vabre, nous serons deux et on naviguera moins bien qu'à cinq. »
Que retenez-vous de cette course d'un mois ?
« Dans l'ordre, une régate dans le Bosphore qui devra compter la prochaine fois. D'ailleurs je sais que Cumali Varer nous prépare des nouveautés pour la prochaine fois. Ensuite la Méditerranée qui est un grand bazar pour la voile. En Mer Egée, il y a des sites qui donnent envie d'y retourner en croisière. Puis il y a eu la Sardaigne, les Bouches de Bonifacio bien ventilées, le Cap Corse que nous avons longé et puis Gilbraltar... C'était le top. Bon, Wolf Rock ne nous a pas donné envie d'y retourner en vacances ! »
Et la formule de cette Istanbul Europa Race ?
« En fait cette course en équipages et par étapes correspondait à une demande de la classe Imoca : c'est une bonne formule. Je me répète, j'espère que nous donnons tort à ceux qui ne sont pas venus. »

Temps de course de Foncia : 7 jours 15 heures 50 minutes et 56 secondes à la vitesse moyenne de 8,99 nœuds.

Classement de FONCIA sur l’Istanbul Europa Race (avant jury) :
Etape 1 : Istanbul (TUR) > Nice : 2ème
Etape 2 : Nice > Barcelone (ESP) : 2ème
Etape 3 : Barcelone (ESP) > Brest : 1er (avant jury)
Général provisoire avant jury : FONCIA (1er – 16 pts)

Les 9 équipiers du Team FONCIA sur cette 1ère édition de l’Istanbul Europa Race :
Michel Desjoyeaux (skipper), Jérémie Beyou, Marc Liardet, Gildas Mahé (3ème étape), Julien Marcelet (3ème étape), Paul Duval (2ème étape), Pierre-Yves Lautrou (2ème étape), Dimitri Voisin (1ère étape), Jean-Philippe Guillemot (1ère étape).

Roland Jourdain : « un super parcours, un super équipage… »
« Comme toute course en bateau, quand ça s'arrête, c'est toujours bon et là d'autant plus que c'était un peu long sur la fin ! A part une escale technique au cap Horn pour réparer, je n'avais jamais expérimenté le mouillage en course à bord de Veolia Environnement, voilà c'est fait. C'était un peu chaud quand même avec un mouillage, un démarrage, unremouillage, et les autres qui revenaient derrière ! Y'avait de l'ambiance. Ceci dit, c'est vrai que nous avons une petite déception de ne pas finir aux basques de Foncia, ce qui n'enlève rien à sa superbe navigation. Ca s'est joué à une petite demi-heure près. Pour autant, nous avons progressé au fil de la course et terminons sur un bon sentiment. Le tour de l'Europe reste une belle course. Nous avons un peu souffert en Méditerranée d'un petit manque de réussite, d'un petit déficit de vitesse aussi dans certaines conditions dans lesquelles nous n'étions pas très à l'aise. Mais, le parcours, tant sur le plan historique que géographique s'est révélé super : on a du bol quand même, on fait un beau métier ! J'ai un super équipage avec des super personnes aussi bien humainement que sportivement. On apprend toujours des regards neufs, et on est toujours en formation continue. La voile, même en solitaire, reste un sport collectif, ce qui n'empêche que de partager le bonheur ou la douleur d'un choix stratégique, d'un changement de voile, d'une manœuvre, ça apporte beaucoup de nouvelles émotions. "

Jean-Pierre Dick : "Un immense plaisir"
"Je ressens une double émotion, a-t-il déclaré à son arrivée en Bretagne. C'était ma dernière course avec ce bateau sur lequel on a gagné des choses (Barcelona World Race). On a aussi réalisé l'objectif de rendre performant un équipage mixte qui ne se connaissait pas malgré la frustration qui nous reste d'avoir vu partir Foncia et Veolia au cap de Gata et de ne pas avoir eu l'occasion de les rattraper. On a pris quand même un immense plaisir à disputer cette dernière étape. Cette nuit, on s'est battus en prenant une option originale pour passer Groupe Bel. Pour gratter 20 milles à un bateau, il faut se creuser. L'expérience de la Volvo Ocean Race de Pepe Ribes et Damian Foxall a imprimé un rythme au bateau que moi, j'avais seulement l'habitude de conduire en solitaire ou en double. La passation de pouvoir s'est bien passée. Elle a fait qu'on n'a pas seulement pensé à gagner cette course, qui est vouée à un bel avenir. Sa valeur, c'est le passage en Méditerranée, mon océan "natal". Les îles grecques, que j'avais découvertes à 18-20 ans me font encore rêver, et hier, même la Wolf Rock était superbe."

Source : Istanbul Europa Race et Team Foncia