Liz a également levé le pied en franchissant le Cap Finisterre (pointe nord-ouest de l'Espagne) en raison d'une mer "horrible" et d'un très grand nombre de cargos, dans une brise stable de 30 nœuds, comme en témoignent les instruments scientifiques qui équipent le Monotype SolOceans et qui transmettent automatiquement par satellite leurs relevés sur le site Internet dédié au réseau international des navires météo.
Avec un moral au beau fixe, Liz Wardley se prépare à affronter, dès ce lundi soir et coup sur coup, deux tempêtes au large du Portugal. Elle devra faire face à des vents de 45 à 60 nœuds (force 9 à force 12). Liz Wardley nous a transmis dimanche soir son récit des premières heures de navigation sur la route du Tour du Monde de Référence de la SolOcéane - Campagne OceanoScientific® 2009-2010.
Photo Liz Wardley - SailingOne
"Je suis repartie de la bouée cardinale Est de Linuen à l'entrée de la baie de Port-La-Forêt samedi dernier à 12h00 TU. Il y avait 15 nœuds de brise de nord-est. La journée était ensoleillée sans un nuage dans le ciel. Il faisait froid, mais le spectacle était parfait, avec une belle visibilité qui m'a permis de naviguer sous spi à travers les iles des Glénan et des Moutons, avec un vent se renforçant et des dauphins sautant à mes côtés. C'était un départ très émouvant puisque je pouvais voir Loctudy (là où j'habite). J'avais vraiment l'impression de quitter la maison cette fois-ci.
Tout au long de l'après-midi et de la soirée, le vent s'est renforcé. J'ai continué à naviguer au portant en privilégiant le VMG (Velocity Made Good). J'ai pris un ris lorsqu'il y avait 25 nœuds et j'ai affalé le spi lorsqu'il y avait 30 nœuds, au profit du Solent. J'avais de bonnes sensations avec le bateau et nous avancions rapidement vers le Cap Finisterre. J'ai réduit la voilure à temps, car le vent est ensuite monté à 30 - 35 nœuds avec des rafales à 38 nœuds. Le bateau a commencé à désobéir au pilote automatique et j'ai donc pris un deuxième ris pour la nuit, sous Solent à l'avant. Je naviguais régulièrement au-dessus de 15 nœuds, avec des pointes à 20 nœuds.
C'était une manière rapide d'entrer dans le vif du sujet. La nuit fut bien noire et heureusement qu'il y avait peu de trafic maritime, car cela m'a permis de me caler dans ma couchette pour enchaîner les petits sommes. Tôt le matin, en approchant les côtes espagnoles, le vent a commencé à devenir irrégulier avec des bascules de vingt degrés et des rafales jusqu'à 40 nœuds. J'ai donc roulé le Solent et déroulé la trinquette. J'ai commencé à préparer mon empannage, mais j'ai décidé finalement d'attendre que le jour se lève pour faire mon premier empannage avec plus de 30 nœuds de vent réel. C'était une erreur, car je me suis trop rapprochée de la côte et j'ai été bien secouée dans des eaux moins profondes, avec une mer dans un état horrible... J'ai "survécu" à mon empannage et rien n'a volé pendant la manœuvre, ce qui est bon signe. Peu de temps après, le vent s'est calmé un peu et est devenu plus stable. J'ai déroulé à nouveau le Solent et me voilà, cap à l'ouest. Je viens juste de traverser le dernier rail des cargos au large du Cap Finisterre.
Je vais empanner à nouveau à 2200 UT ce soir pour commencer ma plongée vers le sud-ouest à la recherche d'eau plus chaude et du soleil... Je viens de parler à un cargo à qui il a été nécessaire de répéter trois fois que je navigue en solitaire à destination de la Nouvelle-Zélande avant qu'il ne me croie - il pensait que j'avais fumé quelque chose....
Je me sens bien. Je laisse la terre derrière moi et mes réflexes de marins reviennent. Ce samedi matin a été chargé en émotion mais j'y suis allée et j'ai barré pendant presqu'une heure pour remettre mes idées en place. J'y vais tranquillement jusqu'à ce que j'empanne vers le sud car je suis toujours sur une voie maritime importante. Je devrais pouvoir accélérer en longeant les côtes portugaises dans les vingt-quatre prochaines heures. C'est toujours une étape importante que de doubler le Cap Finisterre. Et bien voilà, c'est fait. C'est tout pour l'instant. Tchao. Liz"
Source : SolOcéane