ITW / Les mots des marins de la Barcelona World Race

Le leader qui semblait avoir route tracée jusqu'à l'entrée du détroit de Cook, voit la situation météorologique évoluer en mer de Tasman. les hautes pressions semblent vouloir se former sur la route directe et pourraient obliger Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron à quelques détours.

Crédit : Groupe Bel

Une situation qui pourrait faire les affaires des trois poursuivants au sein desquels l'équipage d'Estrella Damm continue de faire des étincelles. Alex Pella et Pepe Ribes ont creusé l'écart avec Groupe Bel distant maintenant de 110 milles ; ils sont de surcroit revenu sur les talons de MAPFRE à moins de 40 milles. Ces derniers bloqués par un talweg capricieux ont dû subir des vents très variables en force comme en direction. Dans le même temps, Iker Martinez et Xabi Fernandez constataient une panne de transmission qui, non seulement, les empêchaient de contacter l'organisation et surtout les privaient de toute information météorologique. les deux navigateurs ont, semble-t-il, trouvé la solution à leur problème... Il reste que cette mésaventure leur a coûté nombre de milles.

Plus à l'arrière, c'est toujours le grand beau fixe pour Dee Caffari et Anna Corbella (GAES Centros Auditivos) qui avalent les portes à la vitesse d'un paquet de bonbons Haribo. Hugo Boss continue d'aligner les journées à plus de 400 milles, quand les derniers s'attendent à un nouveau coup de pied au tableau arrière avec la venue d'une nouvelle dépression.

Kito de Pavant, Groupe Bel :
"On a la musique à bord. C’est bien agréable de pouvoir écouter de la musique de temps en temps avec un pont sec. On en a bien profité cette nuit.
Par contre, on n’a pas du tout eu le temps de lire. Seb a sorti un bouquin qui était sous vide il y a 2- 3 jours. Il a dû lire 2 lignes et depuis il est resté dans le sac. Les jours passent très vite. On est très occupé. Mais je pense que ça va venir. On va passer le pacifique et dans l’atlantique on aura le temps dans des conditions un peu plus stables.
Depuis une semaine, globalement depuis qu’on a passé Bonne Espérance, ça s’est un peu accéléré. On espérait avoir un peu plus de vent que nos petits copains, mais ça a molli. On a passé une Nuit au ralenti. C’était la mauvaise surprise de la journée. Il y a un petit peu de vent d’annoncé. Ça devrait aller assez vite jusqu’en Nouvelle-Zélande. En tout cas, c’est ce qu’on espère.
Hier journée exceptionnelle beaucoup de soleil, journée méditerranéenne.. Mais il fait assez froid et on s’habille quand même. Aujourd’hui c’est plus couvert, mais il ne fait pas mauvais. C’est plutôt pas mal. Le soleil est assez timide. Ce n’est pas comme au Grau du Roi comme on le connaît chez nous.
Hier le vent a complètement changé. On était au reaching. Il a basculé et est passé à l’Ouest, on a pu mettre des voiles de portant. Le câble de remplacement était coincé. On est montée dans le mât pour voir ce qui se passait. En fait, on est monté un peu pour rien, il n’était pas coincé, on ne tirait pas assez fort dessus par le bas. Ça a permis de vérifier le gréement. J’ai pu regarder que tout se passait bien. Mais je ne me suis pas attardé avec la houle croisée et à 30 m de haut ce n’est pas très confortable. En solo c’est différent, on a des systèmes d’alpinistes. Là c’est plus simple on a une drisse d’homme et c’est Seb qui m’a monté avec la drisse.Il faut bien s’accrocher surtout sur un mât aile qui est assez large. J’ai passé 30 minutes dans les airs, heureusement qu’il faisait beau, j’ai horreur de ça et je le fais le moins possible. Mais tout va bien de ce côté là.
Pour Banque Populaire. On n’a pas mal de copains Figaristes à bord. Seb avait remporté le record de l’atlantique sur ce même bateau. On se doutait bien qu’ils allaient s’arrêter avec un tel choc sur la dérive. C’est évidemment dommage, car ce sont des grosses aventures. C’est une grosse déception, mais c’est le lot de ces aventures autour du monde. Chacun a ces petites misères et faut le prendre avec philosophie.
On est 46°36 Sud. L’eau est à 10°C, hier à 16°C. Ca change vite, il commence à faire un petit peu froid. On a du vent d’Ouest qui devrait tourner NO et nous permettre d’empanner ce soir pour faire route directe vers la porte australienne. Mais ce ne sont pas les grands froids comme on s’y attendait. On est bien équipé, on a pas mal de couches la nuit. C’est tout à fait supportable. Le pont n’est pas trop mouillé donc ça va. Mais c’est vrai que les embruns sont un peu glaciaux.
On est un peu désolé d’avoir perdu autant de milles sur Estrella Damm. On est un peu trop prudent pour l'instant, mais la route est longue..."

Iker Martinez, MAPFRE :
" On est arrivé juste dans la zone de changement de vent. Le vent du Nord était très fort. On allait beaucoup plus vite que le front qui bougeait dans le même sens que nous. On a eu des jours où ça a été assez violent. On a eu un peu peur pour nous et pour le bateau. On arrêtait, on accélérait. On a essayé de gérer du mieux possible.
Ce qui a été très très difficile, c’est qu’on a eu des vagues qui venaient du Sud et d’autres du Nord. On n’a jamais été dans une situation comme ça avant, on a essayé de faire le mieux possible. On continue, on a eu des petites choses, mais on navigue, c’est déjà pas mal. Avec les conditions que l’on a rencontrées, on aurait pu facilement casser n’importe quoi dans une vague ou dans une rafale. On est déjà content. On a essayé de ranger un peu tout en place. La régate continue. On est à la 2e place. Mais le plus important c’est de continuer et continuer. Être là dans la bagarre. Mais la place ne compte pas beaucoup pour l’instant. "

Source : Barcelona World Race