Crédit : B Stichelbaut / BPCE
La déception et la frustration de l'équipage, du Team et de la Banque Populaire sont aujourd'hui forcément fortes, mais tous savent que cette décision s'impose alors qu'il reste encore les deux tiers du tour du monde à parcourir. Contraints à l'abandon après deux journées et demie passées à tenter de trouver une solution, ces derniers n'envisagent pas d'escale et vont donc faire route au Nord afin de rallier leur base lorientaise d'ici 18 à 20 jours.
Joint par téléphone en fin de matinée, Pascal Bidégorry :
" Nous avons passé la journée d'hier à scier l'extrémité de la dérive abimée. Nous avons dégagé une petite partie saine et nous avons gratté à l'intérieur pour faire une stratification. En ce moment, les garçons sont en train d'essayer de boucher avec tout ce qu'ils trouvent. Ensuite il faudra stratifier l'extérieur. Le bateau est un véritable atelier de composite en ce moment, ce qui n'a rien d'évident par 46° Sud, dans le froid et dans le brouillard permanent. Nous nous retrouvons avec deux mètres de dérive au lieu des 6,80 mètres habituels. A l'échelle d'un bateau comme le nôtre, ça n'encourage pas la performance et nous avons énormément de près annoncé pour aller jusqu'aux Kerguelen, conditions dans lesquelles la longueur totale de la dérive est indispensable. Cela fait deux jours et demi qu'on travaille et malgré toute notre détermination, nous nous rendons bien compte qu'on ne pourra pas la remettre en place avant demain midi au minimum. Il faut être objectif, nous sommes quand même dans un record et nous courrons contre le temps. Ne pas continuer est plus qu'une évidence aujourd'hui, d'autant plus qu'on sait qu'il y a du près qui nous attend. Nous ne pouvons plus aller aussi vite que nous le souhaitions dans le Sud. Nous sommes sortis de ce qu’était l'essence même de notre objectif. Nous avons donc pris la décision de laisser un peu de temps à l'équipe en charge du "chantier" pour finir de réparer comme il faut. Ensuite nous rentrerons doucement mais sûrement vers Lorient. Nous sommes de grands garçons, nous sommes venus là tout seuls et nous rentrerons à la voile. Pour l'instant, nous faisons toujours cap à l'Est. Nous devrions avoir une bascule d'ici une ou deux heures pour pouvoir faire une route du Nord. D'ici 24 heures, nous devrions avoir des conditions très molles qui vont nous permettre de finir la réparation. Ensuite, nous allons repartir dans les alizés, au portant jusqu'au Pot au Noir ".
Nul doute que quatorze grands marins et leur monture ont désormais une revanche à prendre sur le tour du monde. C'est en ces termes que Pascal Bidégorry concluait la vacation du jour : " Je suis déterminé à faire ce tour du monde et à battre ce record. Nous avons à la fois un bateau fiable sur lequel on a vraiment bien travaillé et un degré de qualité sur le plan sportif qui fait que le Maxi Banque Populaire V mérite beaucoup mieux que ce qu'on a à lui offrir aujourd'hui. Il faut continuer à travailler pour l'avenir ".
Source : Banque Populaire