Record / 9 heures et 27 minutes de retard à l'équateur pour Thomas Coville (ITW)

Thomas Coville est entré dans l'hémisphère sud ce samedi 5 février à 14h35, heure française, après 7 jours, 2 heures, 27 minutes et 32 secondes de mer. Depuis son départ de Ouessant samedi dernier, le trimaran, mené en solitaire, a parcouru sur le fond 3529 milles à la vitesse moyenne de 20,7 noeuds.

Crédit : B stichelbaut / Sodebo

Une belle moyenne, très proche de celle réalisée par Francis Joyon en novembre 2007 puisque Idec avait rallié l’équateur à la vitesse moyenne de 20,8 nœuds. Les efforts de Thomas cette semaine ne suffisent pas pour battre le temps de Francis de 6 jours et 17 heures qui reste donc la référence en solitaire sur ce tronçon de tour du monde. Sodebo est passé avec 9 heures et 27 minutes de retard sur Idec.

Francis avait effectué une route assez directe (3355 milles parcourus, 3000 étant l’orthodromie, la route la plus courte) avec un passage de Pot au Noir très correct. Thomas a bénéficié d’une bonne fenêtre de départ pour un superbe début de parcours, accumulant jusqu’à 132 milles d’avance jeudi à 15h45 (HF) et une vitesse moyenne toujours autour de 24 nœuds.

C’était quelques heures avant d’entrer dans cette zone de convergence intertropicale qui a été particulièrement cruelle avec le skipper de La Trinité. Tom a bataillé comme un fou pour s’extirper au plus vite de ces grains violents. Il coupe aujourd’hui la ligne virtuelle du changement d’hémisphère avec un retard de 161 milles sur Francis Joyon.

Thomas Coville revient sur ces sept premiers jours de record :
A l'équateur en 7 jours : "Nous venons de couper l’équateur et cela a été une semaine très riche. J'ai du mal à croire que ce ne soit qu’une semaine d’ailleurs. Quand tu utilises 24 heures dans une journée, cela multiplie forcément ce que tu peux en faire. Ce qui m’a marqué, c’est une jolie trajectoire avec des transitions bien vues et bien négociées, une mer formée et difficile à gérer entre les Canaries et le Cap Vert, puis un tronçon agréable et rapide jusqu’au 5e degrés Nord. Par contre, depuis 48 heures, c’est un peu l’enfer. On est coincé dans une zone de calme autour du Pot au Noir. C’est assez décevant d’avoir beaucoup œuvré pour que cela soit anéanti en deux jours, cela fait partie du jeu mais ce n’est jamais facile à vivre. C’est dommage de ne pas avoir un chiffre qui reflète mieux le travail fait jusqu’ici. J’ai pris un super pied à aller vite. Sodebo est un bateau sain et très tolérant. Nous avons un très beau bateau pour battre le record, encore faut-il passer entre les mailles du filet que représente de la météo."

 
La traversée éprouvante du Pot au Noir : "Ce sont des endroits qui font peter les plombs. Heureusement que j’aime manœuvrer ! Hier, j’ai pris et largué quatre fois un ris, j’ai déroulé et roulé autant de fois le gennaker, idem en changements de voile d’avant. Et puis, il faut le faire dans la minute parce que t’as un nuage ou une risée. J’ai aussi cassé trois lattes et à l’échelle d’un bateau comme Sodebo, cela demande énormément d’énergie pour les remplacer tout seul. Globalement, j’ai bien géré physiquement, je ne suis pas aussi éprouvé qu’au même endroit il y a deux ans. J’ai aussi bien mangé. Nous avons bien travaillé là-dessus et comme c’est bon, tu ne rechignes pas à te préparer quelque chose."

La suite du parcours : "Le prochain rendez-vous météorologique, c’est Sainte-Hélène qui fait du mal aux marins ces derniers temps entre les concurrents de la Barcelona World Race (tour du monde en monocoque et en double) puis l’équipage de Banque Populaire qui est descendu le long des côtes brésiliennes pour passer sous l’anticyclone. Francis avait fait un très bon parcours et c’est un moment que je redoute forcément mais, pour l’heure, j’ai arrêté de me projeter. Depuis deux jours, je vis dans l’instant au milieu des grains."

L’abandon de Banque Populaire V : "Je suis très déçu pour l’équipage de Pascal Bidégorry. Percuter quelques chose à 37 nœuds, ça doit être monstrueux, moi, j’ai eu une collision à 28 nœuds avec un groler (morceau de glace) avec Sodebo lors de ma première tentative (2007/2008) et j’avais trouvé cela déjà très violent mais alors à 10 noeuds de plus, c'est un chos digne d'un accident de voiture. C’est un merveilleux projet et, quoi qu’il arrive, il y aura un avant et un après Banque Populaire en terme de performance autour de la planète. Ils y retourneront et ce bateau a un tel potentiel qu’il marquera forcément l’histoire. J’ai déjà été très impressionné de leur vitesse moyenne avec peu de vent et par la vélocité du bateau en général. Pascal avait fait en plus un super équipage. Comme quoi, un tour du monde ce n’est pas anodin. Tu n’es jamais sûr de pourvoir le terminer, tu fais un pari. Je ne suis même pas sûr qu’un bateau ait réussi à battre le Trophée Jules Verne dès sa première tentative."



Source : Sodebo