Barcelona World Race / La ruée vers l'Horn !

Avis de coups de baston et d’accélération aux abords du cap Horn ! Pendant que les deux leaders de la Barcelona World Race poursuivent leur progression atlantique sous l’influence d’un bel anticyclone, le groupe des troupes, en approche du plus célèbre caillou d’humeur très noire, a bel et bien attrapé un train de dépressions lancé à toute vitesse vers la sortie Sud du Pacifique. A bord de Renault ZE, Pachi Rivero et Tonio Piris, à moins de 500 milles du garde frontière entre les continents Antarctique et sud-américain, doivent donner le coup d’envoi d’une série de cinq passages en 24 heures...

Crédit : Groupe Bel

Bienvenue au « pays de l’ombre », comme l’a décrit Titouan Lamazou, premier vainqueur du Vendée Globe. Fidèle à sa réputation, le cap Horn se fait désirer sur cette édition de la Barcelona World Race. L’automne a en effet déjà frappé aux portes du Grand Sud. Il apporte son lot de tempêtes et de conditions rugueuses pour les prochains équipages inscrits sur la liste du 3e et dernier des grands caps ponctuant le parcours long de 25 000 milles. En 3e position, la paire espagnole de Renault ZE, la plus rapide entre les deux classements de ce dimanche, a entamé la dernière ligne droite qui mène au plus haut sommet de la course au large. D’après les dernières ETA, les Cantabriques, doivent rejoindre les grands espaces de l’Atlantique demain, sur les coups des 17-18h HF. Ils seront suivis ensuite par trois tandems, qui comptent tous à leur bord un bizuth du rocher aux mille et une légendes.

Trois bizuths bientôt rendus
Du rythme, du sport, et des émotions à grands flots : assurément il ne manquera de rien au passage de Ryan Breymaier (Neutrogena),Kito de Pavant (Groupe Bel)et Alex Pella (Estrella Damm)qui s’apprêtent à rentrer dans le cercle fermé des cap-horniers. Gageons qu’un sentiment de soulagement l’emportera pour eux à l’heure de mettre le clignotant à gauche. Du soulagement mâtiné d’impatience d’entamer la remontée vers des latitudes moins hostiles. De fierté aussi de saluer ce cap à la dent très dure cette année, dans un contexte marqué par l’enchaînement et l’accélération des dépressions circulant d’Ouest en Est autour du grand continent blanc.

Le cap de la délivrance
Avec leur bientôt onze passages à eux deux, Dominique Wavre et Michèle Paret remportent haut la main le prix du plus grand nombre de passages. Pourtant, ce Horn-là aura une saveur particulière : celle de la délivrance. Rappelons en effet que Mirabaud progresse depuis plusieurs jours déjà en configuration solitaire, ou presque. Dans un récent message, Dominique Wavre indique que sa compagne à la ville comme au grand large, souffrant d’anémie, reprend toujours des forces. En 6e position, le double mixte de la course, espère pouvoir terminer cette grande circumnavigation, même si la possibilité de s’arrêter à Ushuaia n’est bien sûr pas complètement écartée.

Du côté de Cook
En ce 65e jour de course, et en ce dimanche d’automne dans le Grand Sud, Jaume Mumbru et Cali Sanmarti, les complices de We Are Water qui ferment la marche de la flotte dans l’ouest du Pacifique, n’ont pas été épargnés. Cueillis par une violente tempête dans le détroit de Cook, à bout de force dans des vents contraires de plus de 40 nœuds et sur une mer démontée, ils ont été contraints de se mettre à l’abri, au mouillage, dans une baie protégée au nord de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Ils n’ont pas demandé assistance et manifestent l’intention de reprendre au plus tôt les chemins de la compétition. Idem pour les co-skippers de Central Lechera Asturiana. En escale à Wellington, Juan Merediz et Fran Palacio cherchent toujours une solution pour réparer leur mât qui s’est brisé en deux dans une tempête en mer de Tasmanie.

Sur la route retour
En tête de course, les duos de Virbac-Paprec 3 et de MAPFRE progressent désormais loin de ce Pacifique Sud survolté. Leur préoccupation se nomme anticyclone. Pour eux la course se poursuit sur un mode beaucoup plus stratégique pour tracer au mieux leur sillon au dédale de ces hautes pressions en place au large des côtes argentines. 264 milles séparent ces deux bateaux au dernier classement. Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron ont déjà choisi leur camp : cap au nord-est aux détours des vents favorables de sud-ouest qui soufflent sur la bordure extérieure de ce système. Quelle option vont privilégier leurs poursuivants ? Affaire à suivre sur la route retour du Horn…

Ils ont dit
Jean-Pierre Dick, Virbac-Paprec 3 : « Nous avons eu une nuit rapide au portant. Notre option se dessine franchement. Même si nous rallongeons la route pour passer dans l'Est de l'anticyclone, nous la sentons bien pour l'instant. Reste à voir ce que va faire MAPFRE : va-t-il lofer pour raser le centre de l'anticyclone ? Va-t-il passer à l'Ouest de celui-ci ? Pour l'instant, il a l'air de rester dans notre sillage avec moins de vent que nous et de partir sur la même option. Mais, ils sont malins et tenaces, il faut se méfier ! »

Juan Merediz (ESP), Central,Lechera Asturiana :« Nous voulons vraiment terminer la Barcelona World Race en sécurité et on souhaite continuer. D’un point de vue technique, il y a une série de complications et c’est quasiment impossible, mais même s’il y a une infime chance, il faudra la saisir. Nous sommes vraiment motivés, sur le pied de guerre. Actuellement le bateau est dans le même état que quand on est arrivé, sous 50 nœuds de vent : le travail en est rendu plus difficile. La grand voile est un peu cassée, il manque un génois… Il va falloir résoudre de nombreux problèmes, ce n’est pas une histoire d’une journée ni même de deux… »

Dee Caffari (GBR) GAES Centros Auditivos :« Comme je l’ai dit à Anna, c’est la dernière ligne droite la plus difficile, les derniers milliers de milles. C’est typique de cet endroit d’avoir le moral si bas, après des jours à pousser le bateau dans ce temps gris, humide et froid. Dans une semaine, tout redeviendra positif. Nous avons de nombreuses couches d’habits sur nous et nous avons une arme secrète : une bouillotte d’eau chaude. La bonne chose, c’est que l’Atlantique devrait offrir une compression de la flotte, et l’on pourra se rapprocher du paquet devant nous. C’est ce qui était arrivé pendant le Vendée Globe, et je suis plutôt optimiste pour la suite des événements ! »

Classement du 6 mars à 15 heures (TU+1) :
1 VIRBAC-PAPREC 3 à 5785 milles de l’arrivée
2 MAPFRE à 264 milles du leader
3 RENAULT ZE à 1589,1 milles
4 NEUTROGENA à 1738,8 milles
5 GROUPE BEL à 1878,5 milles
6 MIRABAUD à 1937,5 milles
7 ESTRELLA DAMM à 2015,9 milles
8 HUGO BOSS à 2451,3 milles
9 GAES CENTROS AUDITIVOS à 2771,7 milles
10 FORUM MARITIM CATALA à 4640,5 milles
11 CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 5765,4 milles
12 WE ARE WATER à 5816,9milles
ABD FONCIA
ABD PRESIDENT

Source : Barcelona World Race