ITW / Loïck Peyron et Energy Team se préparent à Plymouth pour les ACWS

Loïck Peyron et l’équipage d’Energy Team s’entraînent depuis jeudi dernier dans les eaux historiques de la Transat Anglaise, préparant le deuxième rendez-vous des AC World Series qui débutera ce samedi à Plymouth (Angleterre). Cinq jours d’entraînement intensif pour le défi français qui enchaîne les sorties sur l’eau dans des conditions parfois musclées qui comme hier, ont obligé l’équipage français à rester à terre. L’occasion de faire un point sur la préparation, à quelques jours du début des hostilités et dans la brise annoncée...

Credit : G. Martin Raget / America's Cup

- Qui aura-t-il de différent entre Cascaïs et Plymouth ?
Loïck Peyron : A Plymouth, ça va être forcément un peu plus clapoteux. Dans les vents de secteur sud notamment et malgré l’abri du Breakwater (digue), ça rentre quand même et il y aura des conditions un peu plus océaniques. Mais, c’est un très bel endroit pour régater, assez bien dédié au spectacle avec la célèbre promenade « The Hoe » et ses jolies pelouses vertes. Je connais bien cet endroit qui fut le lieu de départ de la mythique Transat Anglaise (Ostar). Le plan d’eau est un peu compliqué avec des courants et du vent extrêmement instable. Pour l’instant, on s’est essentiellement entraînés dans la brise, il y a eu pas mal de vent, à tel point qu’on n’a pas pu naviguer hier.

- Comment se comporte l’AC45 dans la brise ?
LP : Le bateau est fait pour, ça va ! Parfois c’est un peu limite et cette limite n’est pas toujours facile à trouver… En fait, dans la brise il n’y a qu’une seule manœuvre compliquée, c’est l’abattée. Tout le reste se gère parfaitement bien, dans le portant comme au près, surtout sur des parcours aller-retour dans l’axe du vent. Mais l’abattée à la bouée au vent, il faut choisir le bon moment, définir la position de l’équipage, prendre le risque ou pas d’abattre en grand, de ne pas trop accélérer, tout cela est assez complexe. Dès qu’il y a trop de vent, c’est le point critique… Il faut faire très attention car la moindre bêtise n’est quasiment pas pardonnée. On l’a vu encore lundi avec le chavirage des Espagnols…

- L’équipe est déjà au complet à Plymouth ?
LP : On navigue depuis jeudi mais seulement depuis hier avec l’équipage au complet. A partir d’aujourd’hui, on va changer un peu les rôles à bord entre Peter Greenhalgh et Yann Guichard. Ils vont alterner tous les deux au réglage de l’aile et normalement Yann, qui restera jusqu’à dimanche soir, fera la journée de samedi et dimanche à ce poste. C’est important pour Yann d’engranger quelques heures de vol à bord, afin d’anticiper sur le rendez-vous de San Diego. Finalement nous parlerons en français ce weekend à bord d’Energy Team, ce qui change pas mal de choses. On a décidé d’adopter le français et Peter se débrouille pas mal pour comprendre. C’est un moyen pour lui de progresser très vite et pour nous de mieux communiquer, car c’était un des problèmes rencontrés à Cascaïs ! Enfin, l’équipage constitué pour Plymouth sera le même qu’à Cascaïs : Peter Greenhalgh et Yann Guichard au réglage de l'aile, Christophe André (N°1), Devan Le Bihan (régleur) et Jean-Sébastien Ponce (régleur).

- Comment appréhendes-tu ce deuxième rendez-vous, avec l’expérience de Cascaïs ?
LP : On se sent de mieux en mieux au fur et à mesure des entraînements. On est de moins en moins en mode découverte. N’oublions pas que cinq jours avant Cascaïs, nous n’avions en fait jamais navigué dans la brise, comme on naviguait hier en entraînement. Donc, on a forcément monté d’un cran et on apprend encore beaucoup. On a travaillé les voiles d’avant avec Incidences, tous les petits détails de la propulsion, les manœuvres… C’est un apprentissage permanent. Il nous manque encore des heures de vol comparé aux 3 top team, mais on aura de moins en moins d’excuses…

- Des changements concernant la garde robe ?
LP : Oui, on a une nouvelle voile d’avant, un foc intermédiaire, le N°2 qui manquait. On a maintenant les trois étages de la fusée. Le problème restera toujours de faire le bon choix, car nous n’avons le droit qu’à deux voiles, et cette décision se prend dès la première course et pour les huit jours, sauf si tu casses. A priori, vu les conditions annoncées, le choix s’oriente doucement vers le foc intermédiaire et le petit.

- Tu préfères affronter les top team dans les conditions ventées attendues ?
LP : Oui, clairement, car dans ces conditions c’est l’aspect marin qui prend le dessus. Il faut éviter de se mettre à l’envers, anticiper beaucoup plus, faire attention aux autres. Ca n’empêche pas qu’on puisse faire des erreurs, mais normalement c’est là que l’expérience parle. Hier et même depuis quelques jours, on se sent assez à l’aise dans ce temps.

- L’objectif sera à nouveau de porter quelques coups aux grosses écuries ?
LP : Oui, je pense qu’il y aura des choses à faire à Plymouth, malgré le décalage de niveau existant encore entre certaines équipes. Mais on a progressé, ça c’est sûr !

Source : Mer et Media / Energy Team