L'IMOCA Charal sorti du chantier CDK, retour sur la construction d'un foiler dernière génération - ITW

L’IMOCA Charal mis à l'eau hier mardi à Port-La-Forêt vient de larguer les amarres pour rejoindre Lorient, son port d'attache. Hier, en présence de toutes les équipes impliquées dans le projet, le dernier né des IMOCA a vu le jour. L'occasion pour Yann Dollo, Directeur général des chantiers CDK, et Capucine Cadiou, ingénieur du bureau d’études de CDK Technologies en charge du projet Charal, de revenir sur les différentes étapes de la construction de ce foiler.


Crédit : Y Zedda / Alea / Charal

Eté 2017 - Lancement de la fabrication des moules de coque et du pont en Espagne et en Grande-Bretagne


Yann Dollo : « C’est un travail minutieux et de longue haleine qui débute. Il faut réserver la matière première au sous-traitant. On commence à mettre en forme différents outillages. Pour nous, c’est symboliquement le lancement du projet même si, dans notre enceinte, rien n’est encore concret. »


Octobre 2017 - Réception des deux demi moules de coque chez CDK Technologies, début du drapage


Yann Dollo : « Nous sommes à 100% en ordre de marche puisque les demi moules de coque qui arrivent d’Espagne via convoi exceptionnel, sont physiquement chez nous. Il s’agit alors de commencer le drapage de la coque. On va poser, en différentes étapes successives, les plis de tissus selon les plans. Puis, mettre l’ensemble en cuisson sous-vide. Chaque cuisson est suivie d’un contrôle par ultrasons.

De son côté, le prestataire britannique réalise la même chose sur le moule de pont qui nous sera livré en janvier 2018.

En parallèle de la fabrication de la coque et du pont dans leurs moules, la structure globale se définit. On pose des cloisons, des ballasts. Il y a une optimisation permanente entre le chantier, les équipes du bureau d’étude, petit à petit, détails par détails jusqu’au moment où les pièces se figent. »


Mars 2018 - Le démoulage de la coque


Yann Dollo : « C’est la révélation. Nous avons en mars dernier découvert l’aspect extérieur de la coque de Charal. Cet instant est pour toute l’équipe de CDK une étape très importante. Nous avons découvert alors une forme particulière, très typée, voire tranchante par rapport aux IMOCA de la génération précédente, conçue spécifiquement pour un fonctionnement avec des foils.

S’est également révélé l’état parfait de la carène. Ces deux composantes - forme tranchante et carène parfaite - nous approchent d’une certaine perfection, synonyme de performance.

Au-delà de la satisfaction générale des équipes CDK, cela signifie peu de finition et donc moins de poids. Ce moment clé a donné un véritable coup de boost à une équipe déjà très impliquée. »


Coque et pont dans un même lieu, l’équipe monte en puissance avant le pontage


Yann Dollo : « Tous les éléments sont confinés dans un hall entièrement dédié au projet Charal et dont l’accès est strictement contrôlé afin de préserver la confidentialité. L’équipe du Charal Sailing Team arrive en masse dans les murs de CDK Technologies. La ruche est en ébullition avec entre 20 et 25 personnes à l’œuvre en permanence sur le bateau. Chacun prépare, ajuste les différentes pièces. Il faut mettre en place une organisation très précise : planning commun au Charal Sailing Team et aux équipes CDK.

Fort de nos expériences passées dans la construction des IMOCA (génération 2016), nous avons tout fait pour «fermer la boite » le plus tard possible et laisser les équipes travailler à ciel ouvert, coque ouverte et pont non posé. Ce qui constitue un gain de temps considérable dans une phase un peu difficile. »


Mai 2018 - La coque et le pont de Charal assemblés


Capucine Cadiou, ingénieur du bureau d’études de CDK Technologies en charge du projet Charal : « Toutes les étapes dans la construction sont aussi importantes les unes que les autres, cependant visuellement le pontage nous permet de voir le bateau. Très fière de l’équipe de CDK Technologies, les chefs d’équipe, et tous les intervenants internes au chantier. Ils ont réalisé des prouesses techniques et humaines pour mener à bien ce projet et respecter les délais. Notamment, sur la phase très critique des puits de foil, tous ont accepté de travailler en 2X8 pour respecter le planning. Ce bateau est le fruit d’une osmose entre le bureau d’études de CDK Technologies, les hommes et femmes de CDK Technologies, le team de CHARAL et des architectes de VPLP. »


Les finitions et la peinture


Yann Dollo : « Les trois derniers mois de travail ont été assez contraignants puisque le bateau était fermé. La météo était excellente et chaude en Bretagne. Les équipes travaillaient en promiscuité en s’accordant entre phases de finitions qui engendraient de la poussière et phase sensible de peinture. La mécanique humaine devait être huilée aussi bien que la mécanique composite ! Une vraie horlogerie fine afin d’éviter tout énervement ou conflit. C’est aussi une phase clé jusqu’au moment de la mise à l’eau. Tout est minuté. On se pose la question de savoir si l’on va y arriver ; puis, petit à petit la date se fige … »


Sortie de chantier le mardi 21 août


Yann Dollo : « Cette construction a reposé sur un trépied solide, composé de l’ingénieur bureau d’études dédié au projet, Capucine Cadiou qui a déjà trois IMOCA à foils à son actif, le chef de projet Michel Ollivier et le Charal Sailing Team. Si techniquement, ce fut pour le chantier un beau projet à mener avec un niveau d’exigence élevé, humainement, c’est aussi une belle réussite. Je tiens à le souligner et à remercier toutes nos équipes pour leur investissement.

Le calendrier morcelé avec les ponts de mai n’était pas facile à gérer quand il faut tenir les délais. Or, les salariés de CDK ont naturellement sacrifié leurs ponts. Jérémie est passé régulièrement au chantier tant pour le suivi mais aussi pour féliciter, encourager et reconnaitre le travail fait. Cette reconnaissance du partenaire et du skipper est la meilleure des récompenses.

CDK est fier de mettre à l’eau son 9ème IMOCA et souhaite bon vent à Charal et à toute son équipe. Et bien sûr, de belles victoires ! »


Vincent Lauriot-Prévost, architecte du bateau : « Le monocoque Charal, premier IMOCA de la génération foils, sorti du chantier hier, résulte d’une approche à la fois complètement nouvelle pour son concept général et innovante pour la structure et la mise en œuvre. Nous avons retrouvé, grâce à ce projet, toute la collaboration positive et le goût de l’innovation auprès de l’équipe de CDK Technologies et du Charal Sailing Team. Trente ans après nos premières aventures avec le chantier, le plaisir reste intact ; et nous avons bon espoir que le résultat soit à la hauteur de la qualité de notre collaboration. »


Source : C Muller