Le Cap Horn samedi pour le leader du Vendée Globe, Yannick Bestaven : "Le bilan est assez positif pour moi"

 

Après 53 jours de mer, Yannick Bestaven est toujours aux commandes du Vendée Globe, le skipper de Maître CoQ étant même parvenu ces dernières heures à accroître son avance sur ses poursuivants. S’il s’apprête à passer un Réveillon du 31 décembre « qui ressemblera aux autres jours », le Rochelais a hâte de franchir son premier Cap Horn, ce qui devrait être fait samedi dans du vent fort.

 

Crédit : Y Zedda

Yannick, vous avancez à plus de 21 nœuds de moyenne ce matin, quelles sont les sensations à bord de Maître CoQ IV? 

Ça file, ça vibre, on se fait encore secouer, mais c’est le lot quotidien dès qu’on fait des moyennes à plus de 20 nœuds. Je suis encore dans un petit front que j’étais venu chercher, j’ai 20-25 nœuds, avec des claques à 30, je suis à 115-120 degrés du vent, ça va, parce qu’on avance vite, mais vivement la sortie ! Heureusement, la mer est encore maniable, elle commence à se lever, mais ce n’est pas la mer désordonnée telle que je l’ai connue dans l’Indien qui me faisait valdinguer dans tout le bateau. Là, il faut s’accrocher, mais ça reste supportable.

 

Quel bilan tirez-vous de la semaine qu’on annonçait décisive en termes de stratégie ? 

Le bilan est assez positif pour moi. J’ai fait une trajectoire assez jolie, j’ai réussi à de nouveau creuser l’écart sur ceux de derrière, y compris sur Apivia, même si on voit que Charlie (Dalin) pousse bien en ce moment. Pour les autres, j’ai fait le break avec Thomas (Ruyant, LinkedOut) et le groupe qui est avec lui, et vu les conditions, je pense que je vais continuer à creuser l’écart dans les prochaines heures, c’est plutôt bien.

 

Comment voyez-vous l’approche du Cap Horn ? 

Pour moi, ça va désormais être un grand bord en bâbord amure jusqu’au Cap Horn, l’objectif est de profiter d’être encore dans ce front pour faire des milles, le vent va peu à peu basculer nord-ouest, ce qui va me faire remonter vers le nord. J’envisage toujours de franchir le Horn le 2 janvier si tout va bien, ça va un peu dépendre de la vitesse à laquelle je vais arriver à avancer avec la mer et le vent fort prévus.

 

Vous découvrez le Grand Sud pour la première fois, qu’en retiendrez-vous? 

La pression mentale ! Ce sont quand même des endroits où il y a beaucoup de stress, surtout avec ces bateaux, il y a peu de moments cool. J’en ai quand même vécu quelques-uns, mais la routine du Grand Sud, c’est d’être loin de tout dans du vent fort, comme en ce moment, c’est engagé, comme navigation. Il faudra demander aux statisticiens de la météo, mais j’ai l’impression que cette année, on n’a pas eu des conditions très habituelles, on a mis pas mal de temps pour traverser l’Indien puis le Pacifique, il est temps que ça s’arrête !

Comment va se passer votre Réveillon du 31 ? 

Ça va être une soirée comme les autres, je suis un peu déconnecté de tout ça en mer, même si j’aurai une pensée pour mes proches. Donc ça ne va pas changer grand-chose pour moi, mon objectif va être de continuer à faire des milles pour se rapprocher du but, bien calé dans le siège de veille ou dans ma bannette. 


Avez-vous déjà un œil sur la suite et le début de remontée de l’Atlantique ? 

Je regarde de loin, ça va être compliqué, ce sont souvent des zones avec pas beaucoup de vent et du près. Le schéma n’est aujourd’hui pas encore très clair et je suis surtout focalisé sur ces 1000 derniers milles jusqu’au Cap Horn.
 
Source : C Muller