Sam Davies arrive à Cape Town pour la troisième étape de The Ocean Race à bord de Biotherm avec Paul Meilhat

 

Sam Davies, la skipper d’Initiatives-Cœur met à profit le temps de chantier d’hiver de son IMOCA pour relever un sacré défi : régater pendant plus de 30 jours autour de l’Antarctique en tant qu’équipière de Paul Meilhat à bord de Biotherm sur la troisième étape de The Ocean Race. Entretien

 

Crédit : Sailing Energy

La Britannique connait bien Cape Town pour avoir, entre autres, été skipper de Team SCA sur l’édition 2014-15 de l’ex-Volvo Ocean Race ou encore pour s’être malheureusement arrêtée durant son Vendée Globe 2020-21, suite à une collision à l’entrée de l’Océan Indien.
 
Jusqu’ici Sam Davies suit la course depuis Alicante en tant que consultante pour le groupe Warner Bross Discovery et assure les commentaires des émissions en direct des départs sur Eurosport. La voici de retour sur les pontons.
 
Dimanche prochain (26 février), elle sera pleinement actrice du départ de la ‘Leg 3’ aux côtés de Paul Meilhat (qu’elle avait elle choisit comme équipier en 2019 sur Initiatives-cœur) ainsi que Damien Seguin, Anthony Marchand et Ronan Gladu (On Board Reporter). 

Pourquoi il était important pour toi de faire cette troisième étape de The Ocean Race ?

« Il y a plein de raisons de faire cette troisième étape. Tout d’abord, quand j’étais enfant, je regardais la Withbread Around the World Race à la télévision et je voyais ces navigateurs qui m’inspiraient, un peu comme les Français qui regardent le Vendée Globe. C’est une course qui m’a toujours fait rêver et à laquelle j’ai déjà participé en 2014. Cette année, nous rentrons encore dans l’histoire de la course parce qu’une étape aussi longue n’a jamais existé. On revient presque sur la Withbread comme je la connaissais enfant, avec de très grandes étapes dans les mers du Sud, chose que nous n’avions pas pu faire sur les dernières éditions car la course avait davantage d’étapes.
 
Ensuite, sportivement, pour moi c’était THE étape à faire sur cette édition. En tant que skipper IMOCA, c’était presque obligatoire en vue du Vendée Globe. Tous les concurrents qui font The Ocean Race cette année auront l’avantage de connaître ce type de bateau dans le Grand Sud, ils sauront jusqu’où ils peuvent les pousser, comment on peut vivre à bord et survire à bord. On va répondre à ces questions-là, avec plus ou moins de confort et beaucoup de difficultés (rires). C’est un mal pour un bien.
 
Cette étape ne va pas être facile, elle va même être très très dure même et je le sais, parce que j’ai déjà parcouru ces mers mais jamais en IMOCA en équipage. J’avais envie de venir aussi pour progresser, découvrir et faire partie de ces pionniers. » 

  

Penses-tu que c’est important pour Paul d’embarquer des marins qu’il connaît bien sur cette étape ?

« Je pense que c’est la leg la plus extrême. On rentre un peu dans l’inconnu. On se demande encore jusqu’où on va pouvoir pousser les bateaux et comment va se dérouler la vie à bord à cinq pendant un mois, voire plus dans un IMOCA. Avec ces inconnues importantes, Paul avait besoin de se rassurer et donc choisir des personnes qui savent dans quoi ils s’engagent en prenant le départ. Le fait que nous ayons navigué en double pendant une saison est certainement rassurant pour lui concernant la vie à bord, et aussi pour l’entraînement. Nous n’avons pas navigué ensemble encore, excepté une Pro-Am à Alicante. En anglais, on appelle cela : seat-of-the-pants. »

 

Personnellement, qu’est-ce que ces trente jours de mer te demandent en termes d’engagement ?

« Moi je me dis plutôt que nous partons sur 35 jours parce qu’il vaut mieux imaginer le pire scénario et avoir une bonne surprise, donc dans ma tête c’est même 36. Et pour les affaires que je vais apporter aussi, je dois normalement tout mettre dans un petit sac rouge, mais j’ai prévu d’aller planquer d’autres affaires dans le bateau car je ne pourrai jamais emporter que ça (rires). Ensuite, c’est un engagement que nous prenons tous ensemble avec l’équipe. Nous nous engageons à faire du mieux possible, pour Paul, pour Biotherm, et aussi pour The Ocean Race parce que c’est un peu la découverte de ce nouveau format et de ce nouveau parcours. Il faudra tout donner pour que le projet continue. Je pense qu’il vaudra mieux me poser cette question à l’arrivée (rires) parce que personne ne sait trop pour l’instant. »

 

Penses-tu que cette leg sera différente de ton Vendée Globe 2020 en solitaire ?

« Oui cela va être différent de mon Vendée Globe car quand je suis repartie de Cape Town il y a deux ans, il n’y avait plus personne, je n’étais plus en course et je ramenais juste mon bateau en France. Je n’avais pas de pression de course car mon objectif était juste d’arriver à bon port. Là, c’est différent. C’est une course jusqu’à Itajaì, avec des bateaux au top, des équipages à fond super motivés. »

 

En quoi partir en équipage change beaucoup la donne ?

« Pour moi, il y a plus d’avantages à être en équipage car nous pourrons aller dormir paisiblement même si les conditions sont inconfortables car nous avons confiance envers les gens avec qui nous naviguons. Puis, nous pourrons aussi partager les moments difficiles comme les moments sympas. J’ai un peu débriefé avec Amélie (Grassi), j’ai posé pleins de questions. Donc l’idée, c’est de booster l’équipier qui a un coup de blues quand cela arrive et cela c’est plutôt sympa. Puis, nous serons aussi plusieurs pour les changements de voiles parce qu’on sait qu’à 4 on peut lever une voile vite, mais il y a aussi plus de manœuvres et c’est donc plus physique peut être…. C’est un peu plus comme des sprints. »

 

Source : IMOCA