Jérémie Beyou et Franck Cammas en tête à la première marque de parcours de la Bermudes 1000 Race, Thomas Ruyant et Morgan Lagravière 12 minutes derrière

 

Partis hier en début d’après-midi, les treize duos en lice dans la quatrième édition de la Guyader Bermudes 1000 Race Brest – Brest ont connu une première nuit délicate, au près, avec de tout petits airs et d’importants courants à gérer, notamment du côté du Raz de Sein. Dans ce contexte, les bateaux à dérives ont tenu la dragée haute aux foilers, menant ainsi les débats avant que ces derniers reprennent l’avantage avec le renforcement du vent, peu avant le passage du way-point « Tout Commence en Finistère ». Une marque virtuelle que les leaders ont débordée peu après 15 heures ce lundi - Charal 2 de Jérémie Beyou et Franck Cammas en tête - avant d’ouvrir un peu les voiles et de poursuivre la course en direction du phare du Fastnet où les premiers sont attendus dès demain, entre 8h et 10h.

Crédit : JL Carli ALEA


Comme prévu, les premiers milles de course de cette quatrième Guyader Bermudes 1000 Race Brest – Brest ont été complexes, la faute à un vent très léger associé à de forts courants contraires au large de la pointe Bretagne. « À bord de La Mie Câline, on est partis comme des frelons sur la ligne de départ. Ensuite, malheureusement, on n’a pas été très bien inspirés. On a voulu passer dans le Raz de Sein. Il n’y avait plus d’air et le jus était trop fort. On a insisté et on a perdu le contact avec la tête de course. En fin de nuit, on a tiré la barre pour aller chercher une bascule franche. Une bascule qui n’a jamais eu lieu. Les fichiers météo n’étaient pas très bien calés. Il a fallu s’adapter et certains l’ont fait mieux que d’autres », a commenté Gérald Veniard, auteur, de fait, d’un départ canon, mais rapidement rattrapé puis doublé par plusieurs de ses concurrents, à commencer par Benjamin Ferré et Pierre Le Roy (Monnoyeur – Duo for a Job), Scott Shawyer et Ryan Barkey (Canada Ocean Racing) puis Louis Duc et Halvard Mabire (Five Group – Lantana Environnement). Ces trois-là, avec leurs bateaux à dérives, ont parfaitement tiré leur épingle du jeu lors de cette première nuit de mer. « On avait pourtant l’impression de ne pas être très rapide. On a navigué assez haut et ça ne s’est pas si mal passé que ça. Les foilers ont eu du mal à trouver les bons angles de progression. Avec nos bateaux à dérives, on a été légèrement avantagés », a commenté Louis Duc qui a manifestement déjà bien trouvé ses marques à bord « nouvelle version ». « On le découvre complètement. Depuis la fin du chantier de cet hiver, beaucoup de choses ont changé. On tâtonne pour savoir à quel moment prendre un ris, à quel moment changer de voile d’avant… On fait pas mal d’essais mais ça semble bien se passer », a relaté le Cherbourgeois que moins de 15 milles séparent les leaders après 24 heures de course. « Ce début de course au près n’a pas forcément été très agréable mais ça l’est de voir la flotte encore si groupée ! », s’est réjoui Louis Duc.

En route vers le Fastnet

Même constat du côté de Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a Job). « On est dans le match et c’est chouette. Après un jour de mer, on est dans le groupe de tête avec Charal 2, FOR PEOPLE et FOR THE PLANET. Notre départ a bien payé. C’était un peu osé de partir bâbord amure mais payant. On a réussi à trouver le bon trou de souris pour passer, même si ça a été un peu chaud. Cela nous a permis de nous installer un temps en tête et de bien avancer dans le vent mollissant », a indiqué de son côté l’ancien Ministe qui a longtemps mené les débats avant de céder les commandes de la flotte à Jérémie Beyou et Franck Cammas dans la matinée. Premiers à virer dans la bascule associée à un petit front, les hommes de Charal 2 ont ajusté au mieux leur lay-line pour rejoindre le way-point « Tout Commence en Finistère », et ainsi franchi en tête cette première marque de parcours à 15h18, avec une avance de douze petites minutes sur leurs poursuivants les plus proches, Thomas Ruyant et Morgan Lagravière sur FOR PEOPLE. À présent, c’est au reaching que les bateaux de tête évoluent. Et si les uns et les autres ne sont évidemment pas mécontents d’avoir ouvert un peu les voiles, la route jusqu’au Fastnet promet toutefois de ne pas être aussi simple qu’il n’y paraît. En cause, un vent d’ouest dominant extrêmement variable en direction avec une petite dorsale. À la clé pour les marins, des bascules jusqu’à 40° à gérer et de nombreux changements de voiles à opérer. « Sur ce bord, nos trajectoires risquent de ne pas être très tendues. On va les adapter en fonction des conditions pour rester rapide et tirer la barre aux bons moments », a commenté Jean-Marie Dauris (Maître CoQ V). Un scénario confirmé par Christian Dumard, le consultant météo de l’épreuve. « Le vent va adonner puis refuser. Ce ne sera pas simple. Les coureurs vont devoir être en permanence sur les réglages pour parvenir à conserver une vitesse constante. Des écarts risquent de se créer ». Les duos les plus expérimentés seront en effet plus à l’aise et les foilers vont pouvoir allonger davantage la foulée que les bateaux plus anciens. La bonne nouvelle, pour ces derniers, c’est que ce bord entre 80 et 120° du vent ne devrait pas s’éterniser. Le vent est en effet prévu de monter jusqu’à 18-20 nœuds sur la route, permettant ainsi aux premiers d’envisager un atterrissage sur le mythique phare du Fastnet, entre 8h et 10h ce mardi.

Source : M Le Berrigaud