La Guyader Bermudes 1000 Race s'élance dimanche pour les 13 IMOCA en lice, focus sur les forces en présence

 

Rendez-vous sur la Guyader Bermudes 1000 Race qui s’élance de Brest dimanche pour y revenir environ quatre jours plus tard, après une boucle entre le Fastnet et le Golfe de Gascogne. Cette course, organisée par See to Sea et l’équipe de Gwen Chapalain, réunit 13 duos de haut vol qui seront accompagnés chacun d’un reporter embarqué.

Crédit : E Stichelbaut


Antoine Mermod estime qu'il sera sûrement très difficile de désigner le Champion ou la Championne IMOCA 2023, étant donné le nombre de nouveaux bateaux en lice. La Guyader Bermudes 1000 Race sera d’ailleurs la première confrontation des deux derniers nés, mis à l’eau en février et mars : Paprec Arkéa de Yoann Richomme et FOR PEOPLE de Thomas Ruyant. Ils rejoignent aussi sur la ligne de départ des machines de 2022 : Charal de Jérémie Beyou, Initiatives-Cœur de Samantha Davies ou encore le nouveau Maître CoQ V, bien que son skipper et dernier vainqueur du Vendée Globe Yannick Bestaven ne participe pas à la course car il se remet d’une méchante chute de vélo.

La flotte de la Guyader Bermudes 1000 Race comprend aussi certains des nouveaux talents de l’IMOCA à bord de bateaux plus anciens, comme Benjamin Ferré (avec Pierre Le Roy) sur Monnoyeur-Duo for a Job, Guirec Soudée (avec Corentin Douguet) sur Freelance.com ou encore Louis Duc (avec Halvard Mabire) sur Fives Group-Lantana Environnement.

Antoine pense que Jérémie Beyou, qui navigue avec Franck Cammas sur Charal, dessiné par Sam Manuard, sera difficile à battre sur cet IMOCA qui a déjà bien fait ses preuves en course. "Jérémie a terminé troisième de la Route du Rhum l'année dernière et l’équipe a aussi battu le record de distance sur 24 heures en équipage, au retour de Guadeloupe avec Franck. Ils ont fait un bon chantier d’optimisation cet hiver et s'entraînent déjà depuis quelques semaines. D’après ce que nous entendons, ils sont satisfaits de leur bateau. C'est l’un des premiers nouveaux bateaux de la génération conçue pour le Vendée Globe 2024 et aujourd’hui il est plus ou moins prêt à gagner", résume-t-il.

Face à ces nouveaux prototypes, nous retrouvons les Suisses Alan Roura et Simon Koster à bord de Hublot, qui entament leur collaboration pour la saison sur l'ancien Hugo Boss. Alan vient de rentrer d'un mois d'entraînement à Cascais sur la côte atlantique portugaise, et est prêt à entamer une saison où il cherchera à passer à la vitesse supérieure sur le foiler dessiné par VPLP et Pete Hobson.

Lorsqu'on lui demande s'il peut monter sur le podium de la Guyader Bermudes 1000 Race, Alan répond en riant : « J’aimerais bien, mais regardez la flotte ! » lance-t-il. « Certes, il n'y a pas tant de foilers que ça, mais ils sont tous très bons et il semble que nous allons avoir des conditions assez légères, donc ce n'est pas vraiment fait pour mon bateau. Nous verrons bien. Nous voulons jouer, avec puissance cette saison, et voir ce que nous pouvons faire. Si nous pouvons terminer aux alentours de la cinquième place, ce serait formidable, mais nous verrons bien. »

L'entraînement au Portugal, où Alan et le skipper de Maître CoQ V ont comparé leurs atouts, a été intense et utile selon lui. "L'avantage de Cascais, c'est que nous avons pu naviguer tous les jours - les conditions étaient excellentes. Nous avons pu faire du vent arrière, du près et du reaching la même journée. Et le fait d’être près de la côte permet d'apprendre beaucoup et rapidement dans différentes conditions de vent", explique-t-il.

Pour Scott Shawyer, homme d'affaires et navigateur de 51 ans, qui court avec son compatriote Ryan Barkey, la Guyader Bermudes 1000 Race sera sa première expérience sur le circuit IMOCA, alors que Shawyer entame sa préparation pour le Vendée Globe, non pas 2024 mais 2028, à bord d'un Owen Clarke millésimé 2011. Ils sont un peu nerveux alors qu'ils s’apprêtent à prendre leur premier départ au sein d'une flotte qui, pour les nouveaux venus, peut sembler intimidante.

"C'est vraiment excitant et incroyable à la fois", déclare le skipper de Canada Ocean Racing, qui est encadré par la star britannique de l'IMOCA, Alex Thomson. "Cela fait un an que nous avons commencé cette aventure. Il y a un an, nous avons reçu le bateau et l'avons remis en état. Nous avons fait beaucoup de choses depuis en termes de recrutement, de préparation et de développement personnel. Mon passé de marin est essentiellement constitué de courses côtières sur de petits bateaux. J’étais prêt à passer le pas mais c'est assez incroyable de se retrouver ici et de se sentir finalement assez à l'aise même si je suis toujours aussi nerveux..."

Scott Shawyer n'hésite pas à parler de ses objectifs modestes pour cette première sortie. "Notre principal objectif est de terminer sans trop de dommages, ni casses, et en toute sécurité ", confie-t-il. "Nous plaisantons sur le fait que nous avons un autre objectif, celui de ne pas arriver dernier. Mais quand vous regardez la liste des skippers, ces gars-là sont les légendes de notre sport, n'est-ce pas ? Et même ceux qui sont sur des bateaux plus anciens ont des tonnes et des tonnes d'expérience. Nous nous sommes fixés comme objectif d'arriver en milieu de peloton des bateaux à dérives et nous serions ravis d’y parvenir."

Selon Antoine Mermod, la bonne santé actuelle de la Classe reflète son attrait croissant pour un plus grand nombre de nouveaux partenaires de plus en plus variés en termes de secteur d’activités et de portée géographique. "Nous faisons un travail minutieux pour optimiser l'attrait commercial et marketing de l’IMOCA et le retour sur investissement que permettent toutes les courses que nous proposons et pour toutes les équipes", explique-t-il. "Nous y travaillons depuis plusieurs années et il semble que les choses portent leurs fruits. D'une part, les coûts d'une campagne peuvent être plus élevés qu'auparavant, mais d'autre part, leur ‘rendement’ est bien meilleur. Le rapport entre les coûts et les retours n'a jamais été aussi bon. C'est pourquoi l'IMOCA est attrayante".

La nature des partenaires évolue également. "Historiquement, nous avons beaucoup d'entreprises dans l’agroalimentaire, les banques et l’assurance. Aujourd’hui, arrivent aussi dans l’IMOCA des marques de luxe comme Biotherm et Hublot ou encore des leaders de la tech, en particulier dans le domaine de la cybersécurité. Par rapport à quelques années, les marchés sont beaucoup plus variés, ce qui montre que le modèle que nous construisons tous ensemble est valable pour ce type d'entreprises et que cela fonctionne", complète Antoine.

Source : J Huve