Jeudi prochain, à 12H00 (heure locale, 17H00 en métropole), plus d’une trentaine de bateaux prendront le départ du Retour à La Base, au large de Fort-de-France, pour rallier Lorient. Unique course en solitaire de la saison 2023 en IMOCA, elle promet d’être spectaculaire avec des enjeux à tous les étages. Précieuse pour la qualification au Vendée Globe, essentielle pour acquérir de l’expérience en solitaire, cette transatlantique garantit aussi un sacré match pour la victoire finale. État des lieux à une semaine du top départ.
La douceur des Antilles, le mercure qui dépasse les 30°C et les joies de la vie locale pourraient presque leur compliquer la tâche. Les skippers IMOCA qui ont rallié la Martinique après avoir traversé l’Atlantique en double bénéficient enfin de quelques jours de répit. Mais celui-ci est en trompe-l’œil car il y a une course à préparer et le temps est compté.
Une course très attendue à plus d’un titre
Dans sept jours, 33 concurrents vont ainsi reprendre la mer, en solitaire, direction Lorient. Les 9 IMOCA encore en course sur la Transat Jacques Vabre en feront partie. En revanche, 7 skippers sur les 40 coureurs initialement inscrits n'en seront malheureusement pas. Il y a ceux qui ont renoncé avant même le départ de la Transat Jacques Vabre (Nicolas Troussel et James Harayda), ceux qui ont abandonné pendant la transatlantique en double (Éric Bellion, Yannick Bestaven, Charlie Dalin, Oliver Heer) et, enfin, Phil Sharp, qui a dû renoncer durant son convoyage vers la Martinique.Particulièrement attendu par les skippers, le Retour à La Base s'annonce comme un challenge inédit à plus d’un titre. Il s’agit d'abord de l’unique course en solitaire du calendrier IMOCA en cette saison consacrée essentiellement à l’équipage et au double. Elle sera donc précieuse aux marins avant une saison 2024 en solitaire, notamment pour leur préparation au prochain Vendée Globe, en novembre. Sans oublier qu'elle devrait permettre aux dix skippers qui n'ont pas encore validé leur première phase de qualification, de s'affranchir de cette obligation. Parmi eux, cinq skippers à la barre de bateaux neufs obtiendraient donc là leur ticket pour une sélection automatique au sein des 40 places disponibles pour participer à l'Everest des mers.
Tous les ingrédients pour un spectacle grandiose
Les 3 500 milles théoriques (6 482 km) du parcours offriront donc une nouvelle occasion aux skippers de s’exprimer en solo où nombre d'entre eux viseront la victoire. Chez les favoris, Thomas Ruyant (For People) évidemment, récent vainqueur de la Route du Café, qui pourrait l'emporter sur une 4e transatlantique consécutive. Jérémie Beyou (Charal), revanchard, comptera bien accrocher une nouvelle place d'honneur, alors que Yoann Richomme (Paprec Arkéa), Sam Goodchild (For the Planet) ou encore Samantha Davies (Initiatives Cœur) pourraient de nouveau venir jouer les trouble-fêtes. Sans oublier Nicolas Lunven, venu spécialement pour l’occasion, qui prendra son premier départ à la barre d’Holcim-PRB dont il est récemment devenu skipper.Outre son incroyable plateau, c'est aussi par son sacré terrain de jeu que le Retour à La Base s’annonce comme un événement des plus spectaculaires. Un départ majestueux en baie de Fort-de-France, une flotte groupée le long des côtes martiniquaises, une traversée de l’Atlantique face au vent, des dépressions à aller chercher, la chaleur caribéenne à oublier et l’arrivée dans le froid hivernal du vieux continent à apprivoiser… Tous les ingrédients, en somme, pour assister à une explication intense et passionnante sur l’océan. Afin d’anticiper les phénomènes météorologiques les plus virulents, la direction de course a décidé d'installer deux portes au niveau des Açores puis du cap Finisterre. Ces marques de parcours, larges de 500 milles, laisseront toute la place au jeu stratégique des concurrents, tout en garantissant une certaine concentration de la flotte qui n'en sera que plus intéressante pour se mesurer les uns aux autres, notamment en vue du Vendée Globe.
Le compte à rebours est lancé
En attendant le grand départ de jeudi prochain, à midi dans la baie de Fort-de-France, toutes les équipes techniques des bateaux déjà arrivés s’activent. Les réparations et les « petites bricoles » s’enchaînent sous le soleil, tandis que les skippers viennent leur prêter main forte ou, a minima, suivent l’avancée du travail pendant leur phase de récupération bien méritée. Car l’un des enjeux de ces jours qui précèdent la course résidera bien dans leur capacité à gérer la fatigue et à repartir d'attaque à l'assaut de l'Atlantique. Entre deux nuits réparatrices, certains s’adonnent ainsi au kitesurf, à la randonnée ou à des moments au calme et en famille. De quoi recharger les batteries et retrouver un maximum d’influx nerveux avant d’aborder le dernier grand challenge de l’année.Source : C Gutierrez