"Pour l’instant, tout le monde est dans la molle," Boris Herrmann mène la flotte la New York Vendée devant Jérémie Beyou

 

Après s’être élancés hier sur les coups de 20 heures (heure de Paris) sur une ligne virtuelle au large des côtes américaines, les 28 marins engagés dans la deuxième édition de la New-York Vendée – Les Sables d’Olonne ont connu des premiers milles délicats avant de nettement accélérer la cadence au passage d’un front orageux tôt ce jeudi matin, puis de ralentir de nouveau considérablement. Au large de la côte Est des Etats-Unis, le vent se montre en effet capricieux. Dans ce contexte, ce qui fait avancer les bateaux en direction du fameux waypoint Share The Ocean - que les premiers devraient théoriquement déborder cet après-midi entre 16h et 19h -, c’est avant tout Gulf Stream, ce fameux courant océanique chaud et de surface, qui s’affirme, pour l’heure, comme le véritable maître du jeu.

Crédit : B Sellier



« La situation n’est pas simple. On est en plein dans le Gulf Stream. C’est un coin un peu étrange Des phénomènes naissent juste au-dessus de nos têtes. C’est compliqué d’anticiper quoi que ce soit », a résumé Jérémie Beyou (Charal) à la vacation de ce jeudi matin, après un début de course pour le moins complexe. De fait, si les premiers milles ont été délicats, la faute à de petits airs erratiques, la première nuit a été chaotique avec un épisode orageux aussi soudain que violent. « Alors que l’on n’avait pas de vent du tout, d’un coup c’est rentré à 35 nœuds ! », a détaillé le vainqueur de l’épreuve en titre qui s’attendait à ce phénomène mais qui a toutefois été surpris par son intensité, de même que l’ensemble de ses concurrents. « L’orage s’est formé juste devant nos étraves. Les bateaux déboulaient à 20 nœuds avec des éclairs tout autour. C’était très actif, très impressionnant et même un peu flippant. L’ambiance était assez apocalyptique. Il fallait être bien aux manettes ! », a confirmé Thomas Ruyant (VULNERABLE) qui a, comme la plupart de ses adversaires, préféré jouer la carte de la prudence et ralentir un peu le rythme pour éviter les pépins avant, malheureusement, de retrouver de nouveau de petits airs erratiques en milieu de matinée. « Dans l’instant, j’ai trois nœuds de vent. J’avance presque uniquement avec le courant du Gulf Stream qui secoue un peu le bateau, et je tente de négocier au mieux toutes les transitions », a indiqué le Nordiste qui avait un temps espéré conserver du vent fort pour rejoindre le waypoint Share The Ocean, sa prochaine marque de parcours, mais qui n’a pas d’autre choix que de se montrer un peu patient en attendant que la situation s’éclaircisse. De fait, en bordure du Gulf Stream, le chaud et le froid des courants mais également des masses d’airs se confrontent et génèrent beaucoup d’instabilité. Pas facile, dans ces conditions, d’avoir un plan d’action précis en tête et encore moins de faire avancer les machines, surtout lorsque le vent peine à dépasser les 2-3 nœuds. « En réalité, c’est surtout le courant qui décide de là où l’on va pour le moment ! », a commenté Benjamin Dutreux qui relève actuellement une température d’eau supérieure à 25° et compose, comme ses rivaux, avec bonnement cinq nœuds de courant, ce qui lui donne l’impression de jouer avec un drôle de vent, mais qui a le mérite de le faire avancer a minima.

Avoir une vision à court terme

« Les fichiers ne sont pas bien calés. Il faut prendre ce qui vient et rester dessus », a abondé Jérémie Beyou qui met à profit cette avancée au ralenti pour tenter de solutionner les soucis de pilote automatique auxquels il est confronté depuis quelques heures, tout en espérant que le petit groupe légèrement décalé sous son vent ne s’échappe pas avec plus de pression, ainsi que le redoutent certains autres, à l’image du skipper de GUYOT environnement – Water Family, Benjamin Dutreux. Le skipper, qui a cumulé un léger retard après avoir volé le départ, a effectué une pénalité de trois heures à l’image d’Éric Bellion (Stand as One), de Maxime Sorel (V&B – Monbana – Mayenne) et d’Oliver Heer (Oliver Heer Ocean Racing). « Pour l’instant, tout le monde est dans la molle mais j’espère que les premiers ne vont pas trop se barrer avant le passage du waypoint. Ça distribue un peu au gré des nuages. Les choses ne sont pas simples et on ne sait pas à quoi s’attendre », a assuré le Sablais, conscient, toutefois, qu’à ce stade de la course la flotte reste encore relativement groupée puisqu’elle se tient toujours en moins de 25 milles. Est-ce que les écarts seront davantage marqués lors du franchissement de la marque virtuelle ? Les ETA à ce fameux point de passage, pour le moins vagues puisqu’elles oscillent entre 16h et 19h cet après-midi, témoignent de la difficulté à formuler une réponse fiable, et la suite ne s’annonce pas tellement plus limpide. Car si les solitaires vont retrouver un flux de nord plus consistant et plus stable la nuit prochaine, demain en fin de journée ils vont devoir repasser de l’autre côté du système dépressionnaire qui leur est passé dessus la nuit dernière avec, à la clé, de nouveaux orages. Dans ce contexte particulier, il y a fort à parier que les marins, lucides concernant la situation de blocage actuelle en Atlantique Nord, ne se projettent pas à très long terme mais fassent, au contraire, le choix d’évacuer les différentes problématiques les unes après les autres.

Source : NYV