Ambrogio Beccaria savoure sa première victoire en IMOCA avec son équipage en remportant l’étape 4 de The Ocean Race Europe

 

Ambrogio Beccaria a laissé éclater sa joie cette nuit à Gênes. Le skipper italien s’offre sa première victoire en IMOCA, et pas n’importe laquelle : à domicile, devant son public, et après une troisième place lors de l’étape précédente.


Crédit : Lloyd Images



Cette étape entre Nice et Gênes a tenu toutes ses promesses. Le parcours autour de la Corse a mis un terme à la domination sans faille de Biotherm. L’équipage de Paul Meilhat, jusque-là invaincu, a pris cette fois-ci la troisième place, derrière Paprec Arkéa de Yoann Richomme, solide deuxième.

Pour Ambrogio Beccaria, ce succès consacre une montée en puissance régulière. Victime d’une collision dès le départ de la première étape, l’Italien n’a cessé de progresser avec son équipage. Il avait désigné ce sprint méditerranéen comme l’occasion rêvée de signer un premier succès en IMOCA, et il n’a pas manqué sa chance.

« J’avais dit que j’aimerais gagner cette étape parce que je veux toujours rêver de la prochaine victoire », a confié le skipper de 34 ans sur le ponton de Gênes. « Mais celle-ci avait une saveur particulière car nous sommes en Italie et nous progressons énormément en tant qu’équipe. À l’étape 3 nous étions troisièmes, mais nous savions que nous pouvions faire mieux. Alors pourquoi ne pas rêver grand et tenter de gagner ? »

L’équipage d’Allagrande MAPEI Racing, composé aux côtés de Beccaria des marins français Thomas Ruyant, Morgan Lagravière et Manon Peyre, a dû batailler dur pour s’imposer. Quatrièmes au passage du détroit de Bonifacio entre la Corse et la Sardaigne, ils ont réalisé un bord magnifique au portant vers la marque de La Spezia, où ils ont pris la tête. Et cela malgré une avarie moteur, comme le skipper l’a révélé à l’arrivée.

« Nous avons vécu un moment charnière sur ce grand bord de portant… À un moment, nous avons voulu recharger les batteries mais le moteur n’a pas démarré. Nous avons dû couper tous les systèmes et barrer sans instruments, de nuit. Morgan a réussi à réparer, et nous avons pu continuer », a-t-il expliqué.

Cette étape a été marquée par de brusques variations de vitesse, les leaders enchaînant zones de vent et calmes plats sur un parcours passant par La Spezia puis par une marque au large de l’île de Gallinara, au cœur d’une dépression centrée sur Gênes. Mais les premiers à toucher le vent au sud de Gallinara ont été les Italiens, et ce fut décisif : tandis que leurs poursuivants peinaient à avancer à cinq nœuds, Allagrande MAPEI filait à 30 nœuds, creusant un écart spectaculaire.

« La dernière transition a été la plus étrange, car elle a laissé sortir les bateaux un par un de la zone sans vent. C’est là que nous avons réussi à prendre un peu d’avance », a commenté Beccaria.

Le skipper italien a également rappelé le chemin parcouru depuis la collision au large de Kiel, qui avait nécessité des réparations sur le gréement avant de pouvoir reprendre la course : « Cela ne fait que trois semaines, mais ça semble déjà loin. Je suis vraiment heureux pour toutes les personnes qui travaillent sur ce projet. C’est merveilleux… et énorme pour nous. »

Derrière, Yoann Richomme et son équipage sur Paprec Arkéa ont franchi la ligne 51 minutes plus tard. Ce résultat leur permet de sauver leur deuxième place au général, un point devant Holcim-PRB, mené sur cette étape par le Français Nicolas Lunven. Satisfait de cette performance après ce qu’il a qualifié de « superbe bagarre » entre les quatre premiers, Richomme a aussi salué l’échappée décisive des Italiens.

« Nous avons fait une course incroyable. Je crois que tout le monde a mené à un moment donné. Qu’est-ce qu’il nous a manqué ? Pas grand-chose… Allagrande MAPEI a pris du vent en premier hier après-midi et a su en tirer profit. », a-t-il reconnu, lui qui avait terminé deuxième du dernier Vendée Globe.

Pour Biotherm, cette troisième place marque un tournant : pour la première fois, l’équipe ne monte pas sur la plus haute marche du podium. Arrivés plus de trois heures après les vainqueurs, l'équipage de Paul Meilhat reste toutefois bien placés pour la victoire, à une étape et une régate côtière de la fin. L’équipage a en outre récolté deux points supplémentaires au Bonus Scoring Gate, complétant ainsi son impressionnante série.

Blessé au bras après une chute à bord en manipulant des voiles, Paul Meilhat s’est montré satisfait d’un résultat qui accroît malgré tout son avance au classement général : « En fait, c’était une étape très dure, mais passionnante. Ce fut une belle bagarre entre quatre bateaux. On jouait avec le centre de la dépression : à quelques mètres d’écart, il y avait 20-25 nœuds de vent puis plus rien. Au final, les écarts à l’arrivée sont importants, mais ils ne reflètent pas vraiment l’intensité de la course. »

Team Holcim-PRB termine quatrième de cette étape, tandis que Team Malizia de l’Allemand Boris Herrmann se bat pour la sixième place, juste derrière Canada Ocean Racing-Be Water Positive de la Britannique Pip Hare, mais devant Team Amaala du Suisse Alan Roura, septième.

Source : IMOCA