Transat BPE / L'épreuve de force d'Isabelle Joschke

Si Marie-Galante ne se trouve plus qu'à moins de 1000 milles de la flotte de la Transat BPE, les jours à venir s'annoncent éprouvants pour Isabelle Joschke (Synergie) qui doit composer depuis la semaine dernière avec des problèmes d'énergie. La navigatrice, fidèle à elle-même, n'a pas abdiqué pour autant et continue de se battre bec et ongle.

19 h sur 24 à la barre
La course au large est un sport mécanique, avec sa part de chance et de malchance. Isabelle Joschke le constate à ses dépens. Depuis la semaine dernière, elle se bat avec le régulateur défectueux de son alternateur qui l'empêche de charger correctement ses batteries. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir effectué les vérifications et révisions d'usage avant le départ.

En attendant, le résultat est là : quasiment privée d'énergie, elle est contrainte de rester rivée à la barre de longues heures, pour ne pas perdre de terrain. « Dans la journée, ça va, mais la nuit c'est très difficile de barrer. Il fait nuit noire, il y a des nuages. Je ne vois ni l'horizon, ni les voiles et je suis obligée de naviguer uniquement avec les instruments. Le vent forcit souvent à la tombée de la nuit, au moment où le premier coup de fatigue arrive. Du coup, la nuit, je ne dors que 2 heures et demi. Et dans la journée, grâce aux panneaux solaires, j'arrive à faire des petites siestes. Mais ce n'est pas suffisant. Je barre environ 19 heures sur 24 ! Le manque de sommeil commence à se faire cruellement sentir ! De toutes façons, je n'ai pas le choix », racontait hier soir Isabelle Joschke alors qu'elle venait d'effectuer trois allers et retours dans le mât pour démêler le spi qui s'était entouré autour de l'étai. « Cela a été une vraie galère mais tout est rentré dans l'ordre. J'ai réparé mon spi qui s'était déchiré et c'est reparti ! Mais quelle énergie dépensée ! La course vire à l'épreuve de force ».

« Je m'accroche »
Une épreuve de force qu'Isabelle relève avec une opiniâtreté et un courage qui forcent l'admiration. Car la navigatrice reste résolument dans la course. Lancée dans une régate haletante aux côtés de Franck Le Gal (Lenze) et Armel Tripon (Gédimat), Isabelle pointe désormais à la 9e place avec, ce matin, l'avantage aux messieurs mais il reste un peu moins de 1000 milles à courir et la messe n'est bien évidemment pas encore dite.

A 155 milles devant les étraves de Synergie, Gildas Morvan (Cercle Vert) mène toujours la course en beauté, suivi de Nicolas Troussel (Financo) et Gérald Véniard (Macif). « Pour le moment, j'ai une vingtaine de nœuds de vent. Mais cela forcit et mollit sans arrêt avec des bascules de 20 degrés. J'essaie de suivre au mieux ces oscillations. Je me bats contre Franck et Armel et je m'accroche.»

Car non seulement privée d'énergie pour son pilote automatique, elle l'est aussi pour allumer son ordinateur de bord et consulter les fichiers météo. « Je ne regarde la météo plus qu'un jour sur deux. Cela devient de plus en plus chaud... ». Autant dire, qu'Isabelle est impatiente de franchir la ligne d'arrivée devant Marie-Galante. A raison de 200 milles de moyenne parcourus par jour, l'arrivée est estimée à vendredi pour les premiers. D'ici là, Isabelle va devoir puiser encore profondément dans ses réserves pour atteindre son but.

Classement du 21 avril à 07h30 :
1 - CERCLE VERT- Gildas Morvan (818 milles du but)
2 - FINANCO - Nicolas Troussel à 24 milles
3 - MACIF - Gérald Véniard à 41,9 milles
4 - ATHEMA - Erwan Tabarly à 42,1 milles
5 - SUZUKI Automobiles - Thierry Chabagny à 46,3 milles
6 - ESPOIR REGION BRETAGNE - François Gabart à 70,1 milles
7 - GEDIMAT - Armel Tripon à 144,2 milles
8 - LENZE - Franck Le Gal à 146,5 milles
9 - SYNERGIE - Isabelle Joschke à 155,8 milles
10 - AGIR Recouvrement - Adrien HARDY à 215 milles
11 - PAYS MARIE-GALANTE - Victor Jean-Noël à 282,5 milles
12 - CINT 56 - Yannig Livory à 322,2 milles
13 - NANNI DIESEL - Louis-Maurice Tannyères à 367,1 milles
ABD - LUISINA - Eric Drouglazet

Crédit Photo : M.Mochet/AFP
Source : Synergie