Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim' : "rien à perdre, mais tout à gagner" sur cette Route du Rhum - Ultim

Thomas Coville, skipper de Sodebo, prendra le départ de sa 6ème Route du Rhum dimanche. La dernière pour Sodebo Ultim, puisque le maxi trimaran avec lequel le marin solitaire avait terminé le Tour du Monde en décembre 2016 après 49 jours et 3 heures autour du globe, changera de mains après le Rhum. On se souvient de sa dernière participation en 2014 qui avait été stoppée net par un cargo dès la première nuit. Aujourd'hui, le skipper est ultra motivé et prêt à en découdre. 



Credit : E.Stichelbaut




Thomas Coville sans pression

Suite à la collision avec un cargo lors de la première nuit de l’édition 2014, Thomas Coville avait entamé un travail de reconstruction psychique avec une coach Néo-Zélandaise. « Après le dernier Rhum, Lynne Burney avait pointé mon sentiment de culpabilité vis à vis de mon équipe, entre autres. Elle m’a aidé à analyser mes sensations et à lever des blocages. Cela m’a permis de passer en revue les cinq éditions que j’ai courues et de comprendre pourquoi j’avais réagi ainsi à tel moment. 

Il est merveilleux ce cycle de quatre ans, entre deux Routes du Rhum : grâce à ce coaching, je suis passé d’une spirale d’échecs à une série de victoires. Depuis, j’ai rempli tous mes objectifs : record du Tour du Monde, record de l’Atlantique Nord, victoire dans la Transat Jacques Vabre, puis dans Nice Ultimed. Cette année, on a décidé de repartir ensemble pour six séances de travail, à raison d’une par mois environ. 

J’aborde cette édition sans pression : je connais parfaitement mon bateau, je le maîtrise, et je pars dans un confort mental que je n’ai jamais connu. Avec le sentiment de n’avoir rien à perdre, mais tout à gagner."


Gagner en concentration sans perdre en énergie

"Avec mon préparateur physique François Bonnod, nous avons commencé l’entrainement spécifique Route du Rhum début avril. Avec du foncier, du renforcement musculaire à raison de quatre sessions par semaine. 

Nous avons ajouté un travail sur la proprioception afin d’augmenter mon niveau de concentration. Lorsque je suis par exemple sur ma colonne à wincher, François me donne à résoudre un exercice de calcul mental ou me lit quelque chose que je dois mémoriser. Au début, quand je winchais, je perdais l’équivalent de 50 watts en puissance, mais au fil des séances, j’ai gagné en concentration sans perdre en énergie. 

Cette donnée est très importante, car naviguer en trimaran Ultim est un format très anxiogène et il faut être capable de dissocier le physique et le mental. Toujours pour le foncier, je fais une à deux sorties à vélo par semaine de 100 km, idem en course à pied avec une dizaine de kilomètres.


Garder l’envie

"Pour la pause estivale, direction la montagne. Comme tous les ans, pour les vacances, je pars en montagne avec un guide, Yvan Raymond, dans le massif du Mont-Blanc. Au programme : des virées à vélo (course et vtt), des randonnées et du trail. Et je ne m’interdis pas de faire un ou deux sommets en alpinisme. J’ai besoin de sensations, et la montagne me donne la même adrénaline que celle que je peux ressentir en mer. Il faut garder l’envie d’aller dans ses retranchements, le plaisir aussi. Le bateau ne doit jamais devenir un bureau."

Source : Sodebo