Louis Burton, le plus à l’Ouest du groupe de tête, pourrait profiter d’un couloir de vent pour creuser l’écart

 

Plus l’arrivée se rapproche, plus l’issue de la course est incertaine. Certes, Louis Burton pourrait tirer son épingle du jeu, mais il faut prendre trop de pincettes pour y croire déjà. Ce 74e jour de course est l’occasion, aussi, de s’épancher sur l’effet d’une si longue route seul en mer. 

 

Crédit : S Maillard

Louis Burton toujours légèrement avantagé 

Le suspense continue, plus tenace que jamais. Pourtant, l’hypothèse d’un petit avantage pour Louis Burton, évoqué hier, se confirme à nouveau ce jeudi à l’étude des fichiers météorologiques. Sébastien Josse, consultant météo du Vendée Globe, explique : « il peut se faufiler à la limite d’un couloir de vent de sud très localisé ». Pourtant, cet avantage est précaire. « Plus Louis est lent, plus le couloir sera étroit et plus il est rapide, plus il s’élargit ». Seule certitude : le skipper de Bureau Vallée 2 est le seul du groupe de tête à pouvoir bénéficier de ce « couloir ».
 

Rien n’est fait 

Cela ne veut pas dire que ce qui attend Louis est un long fleuve tranquille. On constate d’ailleurs la présence d’une bulle sans vent à quelques milles à l’Ouest du couloir que doit franchir Bureau Vallée 2. Sébastien Josse l’atteste : « Il convient de veiller à la fois au fichier, mais aussi à ce qui se passe en mer. Il y a des nuages, des grains, des fronts et de la pluie… Il faut être très observateur, naviguer aussi au feeling. C’est sur le pont que ça va se passer ! » Yannick Bestaven (Maitre CoQ IV) partage le constate : « il y aura pas mal de manœuvres, des empannages, des passages de front, ce n’est gagné pour personne ! » Boris Herrmann (SeaExplorer - Yacht Club de Monaco), heureux 2e depuis ce matin « même si ça ne veut pas dire grand-chose » tempère-t-il, ajoute : « la semaine qui arrive sera la plus incroyable du Vendée Globe et de tous les Vendée Globe ! »
 

Quand ça se rapproche, ça se complique 

Il y a un facteur qu’en tête de course les skippers évoquent peu : la difficulté de voir l’arrivée se rapprocher alors que tant reste encore à faire. Cette étape de transition entre la longue aventure et l’arrivée, Maxime Sorel (10e, V and B – Mayenne) englué ces dernières heures dans le Pot-au-Noir, l’a évoqué lors des vacations : « bien sûr que je me projette sur l’arrivée. Plus on se rapproche, plus c’est dur. On voit les routages, on a l’impression d’y être parce qu’il y a moins de dix jours à faire. Et pourtant il reste encore de très gros morceaux, les alizés et une belle série d’empannages jusqu’à l’arrivée et sans doute deux dépressions d’hiver qui vont bien nous calmer… »
 

Kojiro, les mots d’un skipper épanoui 

« Tous les jours à naviguer, je suis le plus heureux du monde ». Échanger avec Kojiro Shiraishi, c’est la garantie de faire le plein d’enthousiasme. Le skipper est actuellement sur le point du globe le plus éloigné du Japon, sa terre natale. Alors, il reçoit des dizaines de messages de fans, d’admirateurs et de curieux. « Ils me disent tous que le nom Vendée Globe est désormais connu de tous au Japon ». Pour Kojiro, être encore en course tient du « miracle » alors que sa grand-voile s’est déchirée. « Je ne pensais pas qu’elle allait résister autant. Il reste encore beaucoup à faire et j’espère qu’elle tiendra jusqu’au bout ». DMG MORI Global One pointe actuellement au 19e rang de la course.
 

Manuel Cousin, témoignage poignant 

21e de la flotte, Manuel Cousin continue de contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène par le Nord-Ouest. Rien n’est facile après la décharge d’effort dans les mers du sud, la sortie des Falklands, le constat que ceux d’avant progressent plus rapidement et que ceux derrière (Miranda Merron et Clément Giraud) reviennent fort. Et alors ? « Bien sûr que moralement, c’est compliqué. Mais quand c’est le cas, il faut se rappeler à quel point j’ai une chance extrême. Ça me pousse à mieux me connaître, à apprendre sur moi, à forger mon caractère, à puiser des ressources que je ne soupçonnais pas, à me battre malgré la fatigue ». Le skipper de Groupe SÉTIN poursuit : « c’est peut-être utopique, mais c’est ce que je suis venu chercher ». Et le marin de citer ensuite « tous ces moments extraordinaires » : un lever de soleil, une teinte de l’eau, un ressenti et l’idée, toujours aussi intense et magique, de « faire le tour du monde à la seule force du vent ».
 

De la neige sur la route du Vendée Globe 

Chacun sa route et chacun ses conditions sur le Vendée Globe. À plus de 5 900 milles de la tête de course, Alexia Barrier progresse toujours dans le Pacifique. « Le Cap Horn, ça se mérite ! », lâche-t-elle à la vacation du matin. Elle devrait le passer en fin de semaine, mais avant, rien n’est facile dans le grand sud. Après une dépression ayant des rafales de 50 nœuds, TSE-4myplanet devrait affronter à nouveau plus de 40 nœuds demain. Et là, le mercure se rapproche des 2°C. « J’ai même eu de la neige et dans les grains, il y a parfois de la grêle... » À la vacation, elle s’amuse : « j’ai l’impression d’être la reine des neiges ! » Elle est loin, très loin, des fortes chaleurs ressenties par ceux qui longent les côtes brésiliennes.
 
Source : OConnection